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L'histoire
du domaine de Maisons à travers ses illustres propriétaires
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par
Jacques Marec, président de la Société
des Amis du Château de Maisons (2006)
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Aux
XVIIème et XVIIIème siècles |
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René de Longueil et
la construction du château
C'est René de Longueil qui a fait construire
le château de Maisons au milieu du 17ème siècle.
René de Longueil est un haut magistrat.
Sa famille est l'une des plus anciennes familles de magistrats
du Parlement de Paris.
Il appartient à cette catégorie sociale appelée
la noblesse de robe.
Sa carrière a été brillante et il atteint
le sommet de la hiérarchie judiciaire lorsqu'il accède,
en 1642, à la fonction de Président à Mortier
au Parlement de Paris.
René de Longueil est un homme riche.
Il possède la Seigneurie de Maisons ainsi que d'autres
biens reçus en héritage et qui lui assurent des
revenus importants.
Sa fortune va s'accroître encore grâce à
son mariage. En 1622, il épouse, en l'église de
Maisons, Madeleine Boulenc de Crévecoeur, âgée
de 13 ans, fille d'un haut magistrat de la Chambre des Comptes.
L'épouse de René de Longueil meurt à l'âge
de 26 ans en 1636 et lui laisse 4 enfants.Très affecté
par la disparition de Madeleine, il ne se remariera jamais.
Le souvenir de Madeleine est évoqué partout dans
le château de Maisons par des monogrammes aux doubles
initiales entrelacées de Madeleine et René.
René de Longueil est un homme ambitieux.
Grâce à son habileté, il a réussi
à s'attirer les bonnes grâces de Richelieu et de
Louis XIII. Mais Richelieu meurt en 1642. Six mois plus tard
(1643), c'est Louis XIII qui disparaît.
La situation de Longueil devient délicate lorsque Mazarin
prend des responsabilités. (Mazarin se méfie des
parlementaires et des partisans de Richelieu). Néanmoins,
en 1645, il parvient à consolider sa position à
la Cour en devenant Gouverneur des châteaux de Versailles
et de St Germain.
C'est un homme prudent et conciliant. Sa prudence
lui permet de traverser la crise de la Fronde parlementaire
(1648-1649) en ménageant sa position auprès de
la cour et auprès de Mazarin. C'est un homme très
utile au moment de la recherche d'un compromis. Il est choisi
pour participer aux négociations entre le Parlement et
la Cour et il signe avec la cour, le traité de Rueil
(11 mars 1649).
Longueil fait construire le château de
Maisons entre 1640 et 1649.
Après la mort de son père, René de Longueil
décide de remplacer le manoir familial par un château
plus digne de son rang et de sa fortune. Il veut disposer d'une
résidence princière à la mesure de son
immense fortune et à la hauteur de la position sociale
qu'il vise à occuper. Le château de Maisons est
destiné aussi à lui permettre d'accueillir le
Roi. (à proximité de Saint Germain)
Il confie le projet à celui qui apparaît comme
l'un des plus grands architecte de cette époque : François
MANSART.
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René de Longueil
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Monogramme
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Salle
des fêtes du château de Maisons
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En 1650, Longueil devient Surintendant des Finances
Il obtient ce poste grâce au soutien de quelques amis
influents auprès de Mazarin. C'est le couronnement de
sa carrière.
Il va exercer ce ministère au moment où se développe
la " Fronde des Princes ".
Mais l'apogée, c'est en avril 1651 lorsqu'il reçoit
le jeune Roi Louis XIV à Maisons pour l'inauguration
du château. Ce jour-là Longueil offre un banquet
et une fête somptueuse pour la régente Anne d'Autriche,
pour le jeune Louis XIV, âgé de 13 ans, et pour
Philippe, duc d'Anjou, ainsi que pour d'autres personnages de
la cour.
Malgré cet honneur, René de Longueil
suscite une certaine méfiance de la part de Mazarin.
Mazarin a peur que René de Longueil ne soit davantage
favorable à Gaston d'Orléans et au Prince de Condé
qu'à La Reine et au Dauphin.Il se demande si Longueil
ne joue pas un double jeu.
On jalousait aussi l'imposante demeure qu'il s'était
fait construire à Maisons. (Une des plus belles et des
plus luxueuses d'Ile de France)
On a mis en doute aussi son intégrité et sa probité,
compte tenu du coût qu'avait représenté
la construction de Maisons (six millions de livres) et aussi
du faste qu'il y déployait.
Le 5 septembre 1651, lors de la constitution d'un nouveau Ministère,
à la majorité du Roi, René de Longueil
est relevé de sa charge de Surintendant des Finances.
C'est la disgrâce.
En 1653, sa charge de gouverneur de Versailles et de St Germain
lui est retirée. Ces fonctions ayant été
jugées incompatibles avec celles de Président
à Mortier.
Pendant 5 ans, il reste sagement à l'écart de
la Cour.
A partir de 1656, c'est progressivement le retour
en grâce. Longueil marie sa fille avec le marquis de Soyecourt
chevalier des ordres du Roi et grand maître de sa garde
robe. Ensuite, Mazarin qui est désormais mieux assuré
de son pouvoir ne considère plus que Longueil est un
danger pour lui.
En 1658, il est anobli : il devient marquis. Le Roi l'autorise
à faire clore de murs son domaine : un privilège
réservé aux nobles.
De plus, le Roi confère à René de Longueil
la capitainerie des chasses de Maisons et du Mesnil.
En 1671 René de Longueil reçoit une nouvelle visite
du Roi au Château de Maisons. Les circonstances de cette
visite sont assez tristes : c'est à l'occasion de la
mort du Duc d'Anjou, 2ème fils de Louis XIV, à
St Germain). Louis XIV séjourne pendant plusieurs jours
au château de Maisons.
René de Longueil meurt à Paris en 1677, à
l'âge de 82 ans.
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Le château
au 17ème siècle
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Les descendants
de René de Longueil
Le château reste ensuite la propriété
des descendants de René de Longueil. Parmi ceux ci, un
personnage intéressant : Jean René de Longueil,
arrière petit fils de René de Longueil.
C'est aussi un haut magistrat comme René de Longueil.
Il est en même temps le Président de l'Académie
des Sciences. C'est un homme très ouvert aux sciences,
aux lettres et à la philosophie. C'est le siècle
des lumières.
Au début du 18ème siècle, Jean René
de Longueil, recevait souvent au château, des savants,
des philosophes ou des hommes de lettres avec lesquels il se
plaisait à échanger des idées.
Parmi ceux-ci, il y avait Voltaire. Voltaire, devenu l'ami de
Jean René de Longueil, était souvent reçu
au château pour y séjourner. C'est précisément
à Maisons que Voltaire a composé " La Henriade
".
En 1723, lors d'un séjour au château,
il s'est produit un double évènement : Voltaire
est tombé gravement malade au château. Il était
atteint de la petite vérole (la variole). On avait fait
venir un grand médecin spécialement de Versailles.
Il a failli mourir au château. Le curé de Maisons
est même venu lui rendre visite. Et finalement, grâce
aux soins qui lui ont été prodigués, il
a fini par guérir et il a pu quitter le château.
Au moment où Voltaire quitte le château, la chambre
qu'il venait d'occuper prend feu. la cheminée, ayant
chauffé la chambre pendant plusieurs semaines sans discontinuer,
avait fini par enflammer une poutre. Et les flammes ont provoqué
un incendie qui a détruit une partie du château.
Cette situation était fort gênante pour Voltaire
vis-à-vis de ses hôtes. Mais cet accident fâcheux
n'a jamais altéré l'amitié que lui portait
le marquis de Longueil.
Jean René de Longueil disparaît
en 1731 à l'âge de 31 ans. (Lui aussi atteint de
la petite vérole) Son fils unique, René Prosper
de Longueil, âgé de 6 mois décède
accidentellement un an plus tard. En échappant à
la surveillance de sa nourice il fait une chute mortelle.
A partir de ce moment, il n'y a plus de descendant masculin.
C'est l'extinction des Longueil.
Le domaine de Maisons revient alors à
Marie Renée de Belleforière, Marquise de Soyécourt.
Celle-ci décède quelques années plus tard.
C'est un petit fils de la marquise qui hérite de la propriété
: Louis Armand, marquis de Soyécourt.
Le château représente pour lui une charge très
lourde. Et ce château a besoin, un siècle après
sa construction, de travaux d'entretien, d'amélioration
et de restauration ; travaux que son propriétaire est
incapable de financer. Il cherche donc à le revendre
à partir de 1746.
Le château a failli, par 2 fois, être
racheté par Louis XV :
Une 1ère fois, en 1747, pour Mme de Pompadour.
Mme de Pompadour était venue visiter le château.
Elle avait fait savoir au Roi que ce château lui plaisait.
Le Roi vient visiter longuement le château. Il est visiblement
très intéressé. Mais finalement il renonce
à cette acquisition sans explication.
Une 2ème fois, en 1770, Louis XV revient
au château de Maisons et il y demeure quelques jours en
compagnie de Mme du Barry. Celle-ci se plait beaucoup à
Maisons et elle fait comprendre au roi qu'elle aimerait bien
acquérir ce château.
Le Roi fait venir un architecte et il lui demande de réaliser
des plans de transformations intérieures pour améliorer
le confort du château. (aux normes du 18ème siècle)
Les plans présentés au Roi proposaient de profondes
modifications dans la structure du bâtiment pour le rendre
habitable.
Devant l'importance des travaux, le Roi s'est empressé
de renoncer à ce projet d'acquisition auquel le poussait
Mme du Barry.
Il lui faudra attendre plus de 30 ans pour trouver
un acquéreur. Il est difficile de le vendre par ce qu'il
ne semble plus adapté. Il a besoin de travaux. On trouvera
cependant un acquéreur. Ce sera le comte d'Artois.
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Voltaire
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Madame du Barry
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Le Comte d'Artois

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Le Comte d'Artois
Le Comte d'Artois, frère du Roi Louis
XVI acquiert le château en 1777 (à l'âge
de 20 ans).
Il cherchait une propriété proche de St Germain,
en attendant la fin des travaux de restauration ou de reconstruction
du Château Neuf.
Pour cette opération de reconstruction du château
neuf, le trésor royal versait au compte d'Artois 600.000
livres par an.
A Maisons, Le Comte d'Artois entreprend aussi des travaux. Des
travaux de restauration et de décoration qu'il confie
à l'architecte Bellanger.On peut voir encore aujourd'hui
la salle à manger dite salle à manger du Comte
d'Artois réalisée dans un décor néo-classique.
Finalement, les premières annuités versées
par le Trésor royal pour le château neuf servent
à payer les travaux du Château de Maisons.
En définitive, il abandonne les travaux du Château
Neuf de St Germain.
Quant aux travaux de restauration du château de Maisons,
ils ne seront jamais terminés, faute de moyens suffisants.
Il faut dire que le Comte d'Artois était, dans sa jeunesse,
un personnage plutôt léger, dispersé et
désordonné dans la gestion des ses affaires et
très dépensier. Sans parler de sa passion pour
le jeu ou de certaines de ses fantaisies comme Bagatelle. Sans
parler, non plus, de toutes ses maîtresses qui lui coûtaient
cher.
Le comte d'Artois était lourdement endetté.
En politique, on sait qu'il défend la
monarchie de droit divin et qu'il se montre hostile à
toute réforme.
Lors de la réunion des Etats Généraux,
il adopte une attitude intransigeante.
Auprès du Roi et de Marie Antoinette, ce n'est pas du
tout un élément modérateur. Il est l'un
de ceux qui poussent le Roi à l'intransigeance.
On sait que c'est en partie sous son influence que se déroule
la séance royale du 23 juin 1789 catastrophique pour
la monarchie.
C'est lui qui pousse le Roi à prendre des mesures de
force contre l'Assemblée Constituante.
Le Comte d'Artois était si compromis
par son attitude radicale et intransigeante que Louis XVI, lui-même,
après la prise de la Bastille, lui demande de partir
en exil à l'étranger. Et il part dés le
17 juillet 1789. (Sans doute a-t-il bien fait !).
Il laisse 40 millions de livres de dettes. (presque 27 fois
le prix d'achat du château en 1777. (1,5 millions de livres))
Le comte d'Artois part donc en exil.
Il se réfugie successivement auprès de plusieurs
cours européennes avant de s'installer en Angleterre.
Il reviendra en France en 1814 et succèdera à
Louis XVIII sous le nom de Charles X avant d'être obligé
de repartir en exil au moment des journées de juillet
1830 (les 3 glorieuses) qui permettront l'avènement de
Louis Philippe.
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Aux XIXème
et XXème siècles
de la Révolution à
l'Empire
En 1792, le domaine de Maisons est confisqué
; il devient bien national : on pose les scellés au château
et le domaine est mis sous séquestre. Il s'agit des biens
de celui qu'on appelle l'émigré Charles Philippe
Capet.
En 1793, Le château est vidé de
son mobilier et celui-ci est transporté à St Germain
pour y être vendu par adjudication. Le château perd
ainsi tous ses meubles, tous ses objets d'art et toute la collection
des tableaux du Comte d'Artois.
En 1797, sous le Directoire, il est décidé
de retirer les grilles d'entrée du château.
Le château disposait de deux magnifiques grilles en fer
forgé qui fermaient de chaque côté le vestibule
d'entrée.
Dans le cadre de la restauration qu'il avait entreprise, le
Comte d'Artois avait fait déposé ces grilles.
Mais il les avait conservé dans le château.
Le château perd ainsi ses deux grilles. Celles-ci sont
transportées au Louvre. Elles sont restées au
Louvre depuis 2 siècles.
Il est possible de les voir à l'entrée de la galerie
d'Apollon et dans le pavillon de l'horloge.
Il est décidé ensuite de vendre
le domaine.
Le château et le domaine sont mis en vente par adjudication
et l'administration départementale chargé de cette
vente décide de vendre le domaine en le divisant en plusieurs
lots.Ce qui conduit au démembrement du domaine.
Treize acquéreurs se portent candidats pour acquérir
un ou plusieurs lots. Mais un seul acquéreur se porte
candidat pour acquérir l'ensemble des lots. (donc l'ensemble
de la propriété)
Il n'est pas donné suite à cette proposition et
les lots sont répartis par l'administration entre plusieurs
acquéreurs.
Mais, dans les jours qui suivent, (coup de théatre !)
au niveau de l'Administration centrale, le directeur de la Régie
de l'enregistrement refuse d'homologuer la vente et décide
d'attribuer le domaine au seul et unique candidat qui soumissionne
pour acquérir l'ensemble du domaine : un certain Lanchère.
Sans doute des influences ou des interventions se sont-elles
exercées pour favoriser Lanchère. Le côté
positif est que ainsi l'unité du domaine se trouve préservée.
Le domaine est donc attribué à Lanchère
le 2 décembre 1797.
Jusqu'en 1818, trois propriétaires successifs
vont maintenir cette unité et sauvegarder le château
et ses dépendances.
Le citoyen Lanchère à partir de
1797.
Eleveur de chevaux, Lanchère procurait des chevaux à
l'Etat. Il était fournisseur des armées.
C'était un homme très riche qui avait déjà
racheté des biens nationaux. Il était très
influent et peut-être e a-t-il pu user de son influence
et de son argent pour obtenir que la propriété
lui soit attribuée.
Il n'utilise que les écuries. Il laisse le château
en l'état sans même terminer les travaux commencés
par le Comte d'Artois.
En 1804, Il revend la propriété au Maréchal
Lannes.
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Grille d'entrée
du château

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Jean Lannes

Chambre du Maréchal
Lannes

Duchesse de Montebello
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Le Maréchal
Lannes
Jean Lannes est d'abord un soldat particulièrement
courageux et valeureux. Il a connu une ascension rapide dans
la carrière militaire jusqu'à devenir général.
Il a participé à toutes les campagnes du Directoire,
du Consulat et de l'Empire. Il s'est illustré dans de
nombreuses batailles. Il a été maintes fois blessé
au combat.
Lannes était de ses généraux qui combattaient
eux-mêmes en première ligne et qui n'avait pas
peur d'affronter l'ennemi dans des combats à la baïonnette.
Dés la campagne d'Italie, Bonaparte avait remarqué
son ardeur au combat, son courage et sa capacité à
diriger les hommes.
Lannes a été l'un des principaux compagnons d'armes
de Napoléon et même son ami. Il y avait une amitié
sincère et profonde entre Lannes et Napoléon.
Pourtant les rapports entre les deux hommes ont été
parfois tumultueux du fait, surtout, du caractère de
Lannes : homme susceptible, coléreux et qui avait son
franc parler.
Après avoir été le chef de la garde consulaire,
il y a eu un moment de disgrâce pour Lannes qui est écarté
et envoyé comme ambassadeur au Portugal. Ce sera un exil
doré et de courte durée.
En 1804, Lannes revient en France et il est
élevé à la dignité de Maréchal
d'Empire à l'âge de 35 ans.
C'est à ce moment qu'il fait l'acquisition du domaine
de Maisons. Mais Lannes avait aussi un hôtel particulier
à Paris (faubourg St Germain), l'hôtel de Kinski,
puis un autre plus grand, rue de Varenne : l'hôtel de
Rohan Chabot. Son train de vie était assez fastueux.
On sait que Napoléon voulait qu'il en soit ainsi pour
ses Maréchaux.
Pour lui, Maisons est un lieu où il peut, lorsqu'il n'est
pas parti en campagne, venir en famille se reposer avec Louise
et ses 5 enfants. Louise est sa 2ème épouse. Il
est divorcé et remarié.
Il aime y recevoir ses amis, en s'éloignant un peu de
la cour impériale où il ne se plait pas vraiment.
Il entreprend des travaux très importants de remise en
état du château compte tenu des travaux inachevés
par le Comte d'Artois. Il fait décorer et meubler le
château. Il est attentif aux jardins. Il fait même
planter des peupliers disposés de manière à
figurer les positions françaises et ennemies lors de
la bataille de Montebello pendant la campagne d'Italie
Il fait aussi installer des bergeries. On élève
ainsi à Maisons des centaines de moutons mérinos.
Il fait tracer des allées dans le parc auxquelles il
avait donné des noms de victoires napoléoniennes
et de généraux de l'Empire. Et, il crée
une place Napoléon.
Lannes aura un destin tragique : le 22 mai 1809,
lors de la 2ème campagne d'Autriche, il est grièvement
blessé à la bataille d'Essling. Il a une jambe
broyée par un boulet de canon. Il est opéré
sur place par Larrey, chirurgien de la garde Impériale
de Napoléon, qui procède à l'amputation
de la jambe.
Malgré cette opération, Lannes meurt 9 jours plus
tard, le 31 mai 1809, des suites de ses blessures à Ebersdorf
près de Wien. Il est à peine âgé
de 40 ans.
Napoléon a été très affecté
par la disparition de Lannes. Il a lui-même écrit
une lettre à la duchesse de Montebello, épouse
du Maréchal et restée au château de Maisons,
pour lui annoncer la mort du Maréchal :
" Le Maréchal est mort ce matin
des blessures qu'il a reçues au champ d'honneur. Ma peine
égale la vôtre. Je perds le Général
le plus distingué de mes armées, mon compagnon
d'armes depuis seize ans, celui que je considérais comme
mon meilleur ami. Sa famille et ses enfants auront toujours
des droits particuliers à ma protection. C'est pour vous
en donner l'assurance que j'ai voulu écrire cette lettre,
car je sens que rien ne peut alléger la juste douleur
que vous éprouverez. "
Le corps du Maréchal a été
ramené à Paris quelques mois plus tard pour reposer
au Panthéon.
La Duchesse de Montebello, épouse du
maréchal conserve pour quelques années le domaine
de Maisons.
En 1810, elle est nommée 1ère dame d'honneur de
l'Impératrice Marie Louise. La duchesse avait accepté
cette nomination. Elle sera même l'amie de Marie Louise.
Mais ce type d'activité ne lui convenait pas vraiment.
Elle ne se sent pas à l'aise à la cour.
Chaque fois qu'elle le peut, elle quitte la cour pour se rendre
à Maisons.
La duchesse de Montebello reste un personnage controversé.
Il lui est reproché, à elle qui était si
proche de Marie Louise, de ne pas avoir su ou voulu l'influencer
dans ses décisions au moment de la chute de Napoléon.
(puisqu'elle a quitté la France)
En 1818, 3 ans après la chute de l'Empire, elle vend
le domaine à Jacques Laffitte.
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Jacques Laffitte
Jacques Laffitte est né en 1767. Il est
issu d'une famille modeste de Bayonne. Son père était
charpentier.
Il a eu la chance de partir à Paris et de pouvoir travailler,
très jeune, au service du Banquier Pérégaux.
Pérégaux est un banquier suisse. Il a été
le banquier pendant la période révolutionnaire.
Il fut le banquier du comité de salut public. Ce qui
ne l'empêchait pas d'être le banquier des émigrés.
Il a été le conseiller financier de Napoléon
Laffitte doit tout au Banquier Pérégaux
-
C'est grâce à Pérrégaux qu'il deviendra
lui-même un banquier.
Pérégaux lui a permis d'exercer des responsabilités
de plus en plus importanteset jusqu'à devenir son associé.
Il a pu grâce à lui créer sa propre banque
: la Société d'escompte qui deviendra la 1ère
banque de Paris et même une puissante banque européenne.
Laffitte succédera même à Pérégaux
au poste de Gouverneur de la Banque de France en 1814 et le
restera jusqu'en 1820.
Jacques Laffitte devient un homme très
riche. Sa fortune lui permet de racheter le château de
Maisons. Il possède d'autres biens notamment la forêt
de Breteuil sur Iton dans l'Eure
et un hôtel particulier à Paris, rue d'Artoi.
Jacques Laffitte. C'est aussi l'homme politique
Il est élu député de la Seine en 1816 et
il siège dans l'opposition libérale.C'est un opposant
à Charles X. Et Le château de Maisons, ancienne
demeure du Comte d'Artois est même (ironie du destin !)
un lieu où les amis de Laffitte se réunissent
pour comploter contre Charles X.
De nombreuses personnalités de l'opposition libérale,
amis de Laffitte, sont reçues au château dans la
période qui précède 1830 ; La Fayette,
Odilon Barrot, le général Foy, Thiers, Benjamin
Constant et d'autres.
L'action de Laffitte et de ses amis aboutit à l'abdication
puis au départ en exil de Charles X et à l'accession
au pouvoir de Louis Philippe à la suite de l'insurrection
de Juillet 1830. (Les Trois- Glorieuses)
Laffitte est nommé Président du Conseil avec la
charge de Ministre des Finances le 2 novembre 1830. Il exercera
ces responsabilités jusqu'au 13 mars 1831.
A partir de 1830-1831, Laffitte rencontre de
graves difficultés financières qui le conduiront
au dépôt de bilan de sa banque.
Les raisons sont diverses et complexes. Et la situation financière
personnelle de Laffitte se confond avec la situation de sa banque.
Sans doute une mauvaise gestion de ses affaires et des acquisitions
dispendieuses et inutiles comme la forêt de Breteuil ont
favorisé cette situation.
Son activité politique a pu aggraver les difficultés
financières du banquier qui a toujours fait preuve d'une
grande générosité.
¢ Laffitte était aussi un homme d'une grande générosité.
Louis Philippe va même lui racheter sa
forêt de Breteuil pour l'aider à surmonter ses
difficultés financières. Mais cela ne suffira
pas.
En janvier 1831, alors qu'il est encore Président
du Conseil de Louis Philippe et Ministre des Finances, Laffitte
profite de sa position pour obtenir une avance de la Banque
de France, cependant, garantie sur ses biens personnels.
Mais, lorsque Laffitte quitte ses fonctions
au Gouvernement, il se trouve dans l'i,capacité de rembourser
la Banque de France. Il ne parvient plus à honorer ses
échéances.
Après lui avoir consenti plusieurs fois des délais
de paiement, la Banque de France engage une procédure
afin de faire saisir et mettre en vente son hôtel particulier.
C'est alors qu'il se passe une chose assez extraordinaire :
Les amis de Laffitte lancent une souscription nationale et ils
rachètent son hôtel particulier pour le lui offrir.
Laffitte n'en a toujours pas fini avec le remboursement
de ses dettes. Il avait donc pensé revendre le domaine
de Maisons.
Mais une propriété d'une telle importance était
difficile à revendre.
Il a alors l'idée de revendre une partie importante de
sa propriété après l'avoir divisé
en parcelles de terrain.
Il va donc procéder à un découpage en lots
et les lots seront proposées à des acquéreurs.
Et, pour ne pas être dépossédé de
sa propriété, au cours de cette opération,
il a recours à un arangement familial: il vend l'ensemble
du domaine à son frère Jean-Baptiste Laffitte
et en même temps, il devient le mandataire de son frère.
Cet artifice permet à Laffitte d'échapper à
ses créanciers, de continuer à habiter le château
et de diriger lui même la grande opération immobilière
dont il a eu l'idée.
D'ailleurs, quelques années plus tard, les choses s'arrangent
pour Laffitte :Dés 1836, il réussit à créer
une nouvelle banque d'affaires.
En 1838, Il retrouve la propriété de son domaine
de Maisons grâce à la rétrocession que son
frère effectue à son profit.
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Jacques Laffitte

Proclamation à
l'hôtel de Ville - 1830

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Cahier des charges-1834

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La transformation
du domaine par Laffitte
Laffitte va transformer le Parc de Maisons.
Il met en vente des parcelles de terrain sur lesquelles les
acquéreurs se font construire des villas. Il installe
ainsi dans le parc une " colonie " ou une ville composée
de maisons de campagne sur le modèle anglais des cités-jardins.
Mais il a pris soin en même temps de ménager des
espaces non constructibles
Laffitte a favorisé la réalisation
de cette opération en offrant aux acquéreurs des
conditions avantageuses : un crédit au taux d'intérêt
de 5 % sur un délai maximum de 18 ans.
Il a assuré une large publicité, pour attirer
les acquéreurs et il présente cette opération
comme un acte philanthropique consistant à offrir à
tous, la possibilité de devenir propriétaire.
Dans cette transformation du domaine de Maisons,
l'apparence du parc a été globalement préservée
parce que Laffitte a maintenu une surface importante réservée
à des espaces boisés non constructibles et parce
que les acquéreurs devaient se soumettre aux exigences
très strictes d'un cahier des charges. Ils avaient obligation
de bâtir leurs maisons en retrait par rapport aux allées
et aux avenues et de ne clore les propriétés qu'avec
des haies ou des grilles (pas de mur de plus d'une certaine
hauteur)
Tout cela pouvait encore donner l'illusion d'un parc demeuré
intact et d'une propriété ayant conservé
toute son unité.
L'opération immobilière n'a cependant
pas eu tout le succès escompté par Laffitte.
Lors de l'opération de morcellement du
parc, Jacques Laffitte s'est réservé pour lui-même
une surface de 33 ha du domaine appelée " petit
parc "ou " parc réservé " englobant
le château. Dans ce petit parc, il a fait aménager
un jardin anglais.
Laffitte réalise encore d'autres transformations
:
Il fait détruire plusieurs dépendances du château
: les pavillons de l'Entrée du Roi, l'orangerie et les
écuries. Il s'agissait de magnifiques écuries,
construites par Mansart, qui pouvaient rivaliser avec celles
de Chantilly ou de Versailles. Elles étaient situées
sur la partie gauche de l'avant-cour du château. Jacques
Laffitte a justifié la destruction des écuries
par son souci de faciliter aux acquéreurs la construction
de leurs villas dans le parc. C'est encore son action philanthropique
que nous présente Laffitte.
Il fait aussi modifier la cour d'honneur du
château. Il fait démolir les balustrades qui délimitaient
la cour et il fait combler la partie des douves qui entouraient
le château.
Jacques Laffitte est mort le 6 mai 1844. Son
épouse décède en 1849.
Leur fille, Albine Laffitte, est l'unique héritière.
Albine Laffitte, Princesse de la Moskowa, est l'épouse
du fils du Maréchal Ney, Prince de la Moskowa.
La succession entraîne le démembrement du domaine.
Il ne reste plus du domaine de Maisons que le lot constitué
par le château et le petit parc que s'était réservé
Laffitte. Ce lot est donc attribué à sa fille
unique Albine Laffitte.
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Le château
menacé par la spéculation immobilière
Albine Laffitte revend la propriété
en 1850 à Thomas de Colmar, créateur de la Compagnie
d'assurances : " le Soleil ".
Thomas de Colmar apparaît comme un protecteur du domaine.
Il a une action très positive pour la mise en valeur
du château. Il cherche à embellir le petit parc.
Il le fait redessiner par un grand paysagiste appelé
Duvilliers.
Quant au grand parc de Maisons, il devient, sous le second Empire,
un lieu favori de villégiature pour la haute bourgeoisie
parisienne. De nouvelles villas plus luxueuses sont construites
sur les parcelles restées disponibles.
A partir de 1877 : L'environnement immédiat
du château est atteint par la spéculation immobilière.
Dans un 1er temps : la spéculation s'attaque
au petit parc du château.
A la mort de Thomas de Colmar, un peintre russe nommé
Vassili Tilmanovitch Grommé rachète la propriété
en 1877.
De la part d'un artiste, on pouvait penser que l'on aurait à
faire à quelqu'un qui chercherait à protéger
le château et son environnement.Mais le nouveau propriétaire
montre qu'il est davantage un homme d'affaires soucieux de rentabiliser
son investissement. Celui-ci décide de lotir la partie
Nord-Est du petit parc.
Ce lotissement a pour conséquence la
suppression définitive de l'avant-cour et de la cour
d'honneur du château telles qu'elles avaient été
réalisées au 17ème siècle par Mansart.
Mais, finalement, ce lotissement n'est pas un succès
pour Grommé. Une partie du lotissement restera invendue
jusqu'en 1904.
Le château est pratiquement
abandonné par son propriétaire. Il n'est plus
habité et il n'est plus entretenu.
Dans un 2ème temps : allant jusqu'au
bout de sa logique, la spéculation va s'attaquer au dernier
obstacle qui empêche encore sa progression : le château.
En 1900, à la mort de Grommé, la propriété
est mise en vente. Une promesse de vente est signée en
Janvier 1904 avec un certain Joseph Simondet. C'est un promoteur
immobilier. Il annonce aussitôt ses intentions. Il va
démolir le château et réaliser un nouveau
lotissement sur toute la superficie ainsi libéré
et aussi sur la partie du petit parc qui restait disponible.
C'est un choc pour les propriétaires
des villas du parc.
Ils se mobilisent et s'organisent autour d' Eugène Engrand
qui conduit l'action avec beaucoup d'énergie et d'efficacité.
Ils vont susciter une campagne de presse qui va débuter
par des articles dans " le journal des débats "
puis dans toute la presse.
Grâce à cela ils obtiendront le soutien d'hommes
politiques comme Maurice Berteaux.
L'Etat finira par se porter acquéreur du château.
Ainsi la démolition sera évitée de justesse
en 1905.
Depuis cette date le château appartient à l'Etat.
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Thomas de Colmar

Affiche commerciale 1904
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Principaux ouvrages
- Cueille (Sophie), Maisons-Laffitte,
1630-1930. Parc, paysage et villégiature, Paris,
Editions du patrimoine, coll."Cahiers du patrimoine",
1999
- Poisson (Georges), De
Maisons-sur-Seine à Maisons-Laffitte, Maisons-Laffitte,1993.
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Revues des Amis du
Château de Maisons
- Les cahiers du Vieux
-Maisons, n° 1 à 19 (1981-1990)
- Les cahiers de Maisons
n° 20 à 32 (1991-2005)
- Le bulletin des Amis
du Château de Maisons n° 1 et suivants (
depuis 2006)
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Autres articles en
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